vendredi 13 juillet 2012

RADIOACTIVITE / RADIOAKTIVECO

En travail

ellaborata.


En ville de Sendai et de Fukushima, on voit des écrans géants au bord des routes, comme ceux où vous pouvez lire la vitesse de votre véhicule. On y lit la radioactivité. J’ai lu 0,04, ce sont des micro-sieverts. Il faut mille micro-sieverts pour obtenir un milli-sievert. Il faut mille milli-sieverts pour obtenir un sievert.



En ville de Fukushima, j’ai vu un cageot de pommes-de-terre qui revenait du contrôle de la radioactivité. Elle était de 0.0000… micro-sieverts, donc nulle.


RYU  LE DRAGON   DRAGONO

La province de Fukushima compte 2 000 000 d’habitants. La ville de Fukushima compte 300 000 habitants. La distance entre la ville et la centrale défectueuse est d’environ 70km. Après le tremblement de terre et le tsunami, la province a perdu environ 32 000 habitants de ses deux millions, principalement des Chinois, des Français et de jeunes mères japonaises avec des petits enfants. En ville, les gens possèdent leur maison, y ont toutes leurs affaires… où iraient-ils ?? Où mettre 300 000 personnes ??? Le Japon compte 128 millions d’habitants, il a une surface qui correspond aux 3/5 de celle de la France. 60% de cette surface est pentue, donc inconstructible vu la nature du terrain et vu le climat avec forts vents et fortes pluies.



Tous les Japonais que j’ai croisés et avec lesquels j’ai pu discuter sont fortement contre tout usage de l’énergie atomique. Quand le premier ministre a annoncé la remise en fonction d’une centrale atomique fin mai « pour le bien de la nation », ce fut un choc et une vive colère s’est manifestée.



En comparaison du Japon que j’ai vu entre octobre 2008 et avril 2009, je n’ai pas pu constater de différences. La vie économique fonctionne, les gens vont à leur travail, à pied, à vélo sur les trottoirs, en bus, en métro, en train, les néons de publicité sont allumés le soir.  Ça, c’est ce que peut voir n’importe quel touriste. Mais j’ai pu parler avec un intellectuel indépendant qui m’a confié que son salaire actuel était le tiers de ce qu’il était avant. J’ai pu parler avec les gens de Fukushima qui se sentent comme des pestiférés (j’étais la première personne non japonaise à aller rencontrer les espérantistes du lieu). J’ai pu parler d’économies d’énergie dans une famille motivée de Tokyo qui parvient à réduire sa consommation de 50%. J’ai pu parler avec diverses personnes qui se sont rendues dans le nord pour aider les rescapés et j’ai pu percevoir les drames sociaux et familiaux d’une part, et l’immense solidarité japonaise d’autre part. Ils m’ont raconté l’organisation des secours en faveur des personnes logeant sur les 600km de côtes dévastées. J’ai entendu parler d’une vieille personne qui a été sauvée, déplacée, relogée et qui est retournée dans sa maison interdite au bord de la mer pour s’y suicider. Le taux de suicides a un peu augmenté. J’ai entendu parler d’une personne de Tokyo qui a développé un syndrome inconnu sur la peau ; crainte pour sa santé en rapport avec la radioactivité ; elle s’est trouvé un poste de travail à l’étranger. Mes amis m’ont expliqué que le stress a été tel durant les mois qui ont suivi les catastrophes que des gens ont développé des maladies qui ne sont pas forcément en lien avec la radioactivité mais peuvent être des somatisations.



J’étais une semaine dans le Tohoku, le nord-est de Honshu. Je n’ai pas eu l’impression de mettre ma santé en danger. Et à mon âge… ce ne serait pas grave. Avant mon départ pour le Japon, des amis m’ont dit : « Ne va pas dans le nord ! ». J’ai haussé les épaules. Quand j’ai reçu des messages de certains amis, j’ai lu : « Tu es courageuse d’aller à Fukushima… » j’ai haussé les épaules. J’ai vu du train beaucoup de cultures sous serres plastique, je ne sais pas si ce procédé s’est développé plus après la catastrophe, c’est possible. J’étais à Fukushima parmi des amis, dans une ville « normale » où les gens vivent « normalement ». Ils ont appris où la radioactivité existe, ils évitent ces endroits, ils contrôlent les légumes qui poussent dans leur jardin. Elle est nulle actuellement. Ils restent, ils ne peuvent pas faire autrement. J’ai partagé leur vie durant quelques jours.




Sur cette carte: les sites nucléaires.

La nature est superbe au Japon, tout pousse, tout est vert. Sur les talus, pas d’orties mais des hortensias et des lys. L’humidité permet une telle croissance et une telle luxuriance. Bambous, sugi, hinogi, de superbes arbres séculaires ornent les courbes des montagnes. Singes (vus), ours (vu des écriteaux avertissant de leur présence), chiens viverrins (appelés tanuki, très positifs, pas vus vivants mais statufiés), serpents (vus), sangliers (vus des traces), papillons immenses et superbes (vus)  vagabondent. Et arrive un tremblement de terre, un tsunami, un typhon, une éruption volcanique, et tout est détruit. Cela dure ainsi depuis des millénaires. Pour cette raison, les Japonais ne sont pas un peuple fier et arrogant, mais un peuple de fourmis travailleuses, persévérantes qui s’activent sur les crêtes émergées du dragon assoupi au fond de l’océan. Ils ne se plaignent pas, ils ne mettent pas la faute sur les autres. Ils assument leur sort.



La nature est superbe au Japon 2 : et arrive  la radioactivité, perverse et sournoise. On ne la voit pas. Elle peut être partout. Les cerisiers fleurissent en avril. Mes convictions anti-nucléaires ont été consolidées au Japon.


Le titre du livre ci-dessous:
La titolo de la chi-suba libro:
les centrales nucléaires: le collapsus
la nukleaj centraloj: la kolapso
La photo ci-dessus avec les enfants qui se baignent est tirée de ce livre.
La foto chi-supre kun banantaj infanoj staras en tiu libro.

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